Voici le récit du déplacement le plus fou que l'on ait fait (en même temps c'est notre premier...).
Vendredi, dix heures, je (Hugo) retrouve Corentin (Coco) devant la gare de Montpellier. Nous avions rendez-vous avec la Butte Paillade devant leur local (au stade de la Mosson) pour partir à Grenoble en bus (car à vingt heures se déroulait Grenoble-Montpellier, match comptant pour la 14ème journée du championnat de France de Ligue 2). En attendant midi et demi, heure du rendez-vous, on va à la Fnac pour faire un petit tour. On regarde vite fait quelques bandes dessinées, on regarde un petit extrait de Star Wars (on voit Niennumb) et puis Coco me montre l'endroit précis où il a vu Pataca l'année dernière. On fait donc une reconstitution de la scène (bidon).
Onze heures, on va manger à La Viennoiserie, j'achète un Poulet Estragon pour moi, dans le jargon on dit un PE (non, pas celui des UL) et un Bagnat pour Coco (j'avais promis de lui acheter sa bouffe), on va se caler vers Rondelet et on discute un peu du Mouv' (tiens, y a une radio qui s'appelle le Mouv' . Ensuite on va à la gare pour attendre les Bitterois (Luigi, 48 et le cousin). On attend un bon moment mais on ne les voit pas, bizarre... Bon tant pis, on prend le bus pour aller à la Mosson et puis une fois arrivés là-bas, on apprend que le car prévu pour le dep' a été annulé car Nicollin aurait oublié de le louer. Devant le local, il y a 20 BP plus nous (indép' car ex-UL). Les Armatas, quant à eux, venaient de partir à 13 dans un J9. On était donc 22 pour seulement quelques places car il ne restait que deux voitures et un J9. On se fait donc en quelque sorte refouler, mais c'est normal : priorité aux cartés. Les gars avaient quand même l'air bien sympa. On se fera un dep' avec eux la prochaine fois. Mais c'est dommage car notre premier dep' est reporté (en coupe ?)... On prend le tram et on revient en ville pour rentrer chez nous.
Mais là, Coco a une idée ! On s'était dit quelques semaines plutôt sur Internet qu'on irait en train à Grenoble pour aller au match. C'est clair que niveau thune, on était un peu en rade : je n'avais que 73 euros et coco n'en avait que 50. On ne sait jamais : direction la gare ! Seulement c'est chaud car il faut convaincre mes parents car qui dit dep' en train dit dep' en train (logique lol). Le problème du train c'est que le retour est forcément le lendemain et que donc faut dormir là-bas. Mais rien que niveau thune c'est un peu mort, donc on tente une soluce de dernière chance : internet. On rentre dans le cyber-café le plus proche et on poste le message de la dernière chance sur Montpellier Interactif en demandant à quelqu'un de nous amener (avec compensation financière), mais c'est trop tard, tout le monde est déjà parti. En attendant une réponse qui ne viendra pas, on regarde le site officiel du Grenoble Foot 38 pour voir les tarifs du match ou les différents hôtels près du stade...
Bref on repart sans espoir... il reste seulement un train qui peut nous amener là-bas dans les temps, il part à quinze heures trente-huit et il est déjà quinze heures vingt. On fait la queue pour connaître les prix exacts, pour voir si c'est dans nos cordes. Moi j'appelle mes parents pour leur expliquer la situation et une fois au guichet, à quinze heures trente-trois, je convaincs mes parents, à la seconde près, de me laisser y aller. Coco lui, prend les tickets de train Allez-Retour, donc c'était clair : ce dep', on allait le faire. Les parents de Corentin ne savent pas très bien où il est, il a donc aucun problème à acheter sa place ce connard... en plus, il a la carte 12/25, ce qui fait qu'il paye seulement 41 euros, alors que, moi qui ne prend jamais le train, j'en ai eu pour 62 euros. Notre budget était déjà considérablement réduit puisqu'on a du payé les billets de train plus le cyber : il nous reste environ 10 euros chacun. A quinze heures trente-huit : Hop ! On prend le train : et c'est parti !
On commence un petit jeu bidon (dont je tairai les règles par peur du ridicule) pour passer le temps car on a rien sur nous, si ce n'est de l'argent, des tickets de train, notre carte d'identité et un portable. Après quelques petites vannes pourries de Coco, on arrive à Valence où l'on droit prendre un TER pour arriver à Grenoble. Perso, j'ai une de ces envies de pisser... donc on cherche les chiottes de la gare et là ....... 50 centimes l'entrée dans les chiottes !!!!!!! Nooooooooooon !!!! Bon, vu qu'on a pas beaucoup de sous, on va pisser dehors et je peux vous dire que ça soulaaaaaaaage. Nous prenons quelques photos, ensuite on demande à droite et à gauche quel arrêt faut prendre pour arriver pas loin du stade Lesdiguières. On se fait à peu près expliquer puis on grimpe dans le TER. Pendant le trajet, on se tape un délire sur les noms pourris des bleds du coin (Romans, Moirans et j'en passe...). Et enfin, on arrive à Grenoble : ça y est, on y était. A première vue c'est une ville sympathique... Il est dix-huit heures trente, on a le temps pour trouver le stade, ce qu'on fait, d'ailleurs, ultra rapidement. En fait, on devait juste avancer tout droit dans une longue avenue pour arriver dans le stade. On a donc marché pendant une demi-heure en se tapant des délires sur les noms des boutiques... et puis vient un moment où on commence à avoir faim. Coco va acheter une baguette de pain en guise de repas, puis on continue à marcher jusqu'au stade Lesguidières.
Devant le stade, on tombe sur un type de soixante piges avec un maillot pailladin ainsi qu'une écharpe. Il commence à nous raconter sa life et nous lâche plus. Pour l'info, c'est un supporter « connu », passé plusieurs fois dans le journal. Il fait tous les deps depuis des année, mais toutes ses places sont financées par Nicollin... Bref, 6 minutes après (non pas celui d'M6), nous réussissons à le semer (éhéh). On demande le parcage visiteur et le gars nous dit qu'on doit faire le tour donc on fait le tour et le gars nous dit d'aller tout droit, donc on va tout droit puis un autre gars nous dit de sortir 6 euros et d'avancer donc on sort 6 euros et on avance, puis un autre gars nous dit d'enlever nos chaussures donc on enlève nos chaussures puis tout un rituel à la con avant de rentrer dans la tribune où on rejoint BP et Armatas, en train de bâcher.
Quelques indépendants arrivent et ce sont donc 70 personnes qui remplissent ce parcage visiteur. Quelques minutes avant le match, ça chante déjà à fond. Les joueurs rentrent sur le terrain et nous saluent pendant que papelitos et serpentins sont jetés en l'air en veux-tu en voilà. Le match démarre sous nos chants assez puissants pour une équipe en déplacement. Les gestuelles sont moins bien reprises mais les deux capos font leur boulot et les deux tiers du bloc chante. A un moment les Bitterois sont arrivés (quand même !), mais 48 s'est chié et a laissé les fumis dehors (lol). Sur le terrain, la première période est moyenne de la part des deux équipes : 0-0 à la mi-temps. Pendant le quart d'heure de pause, petite embrouille avec quelques mastres à côté de la tribune, petit chambrage au programme avec le fameux « ta mère c'est Vincent mac Doom. En deuxième mi-temps, même si c'est moins soutenu, les chants sont bien repris et tout le monde reprend bien les chants (ça chante quoi...). Quelques petits délires sympathiques, quelques pogos... on s'est même tapé une danse (« nous sommes là pour toi, nous sommes là pour toi, nous sommes là pour toi...). Bref, on s'est pas ennuyé et tout le monde a bien assuré. A la fin du match (0-0) certains joueurs viennent nous donner leurs maillots et nous applaudissent. Et puis on quitte le stade tranquillement, chacun repart par ses propres moyens. On aurait peut être pu se faire ramener mais en tant qu'apprentis ultras nous nous devions de passer la nuit là-bas (surtout qu'on avait payé le retour en train). Ce dernier part le lendemain à huit heures dix-sept du matin. Au fait, côté Grenoblois, les Red Kaos ont pas mal assuré mais sans plus. Pour un match à domicile, c'était plutôt moyen disons, mais vu que cela fait des années qu'ils végètent en Ligue 2 ou en National, on peut quand même leur tirer notre chapeau.
Donc on retourne à la gare sans savoir de quoi notre nuit sera faite. Nous avions faim, froid et nous étions fatigués. En plus, les gares ferment à minuit en semaine... c'est la galère. J'appelle mes parents pour leur expliquer qu'on va passer la nuit à moitié dehors, à moitié dans la gare et je parviens à les rassurer. Une fois à la gare, on regarde : elle reste ouverte jusqu'à 2 heures et ouvre jusqu'à 4 heures : cool ! On se cale sur des sièges et on reparle de la bonne ambiance du match puis des ultras pailladins en général. Puis on parle de tout et de rien... On remarque que le plafond de la gare est orné de Boulets Estragons. Puis quelques minutes après, on entend au micro de la gare une annonce : « Tou tou tou touloulou (voix chinoise) : Pourquoi les femmes ont-elle des plus petits pieds que les hommes ? touloulou Pour être plus près du lavabo... » Voilà, perso j'ai pas compris le sens de cette blague. Tous ceux qui ont un bout d'explication, ayez l'amabilité de m'éclairer par mail, merci. On a tellement faim qu'on achète ensuite un coca et six madeleines dans un distributeur super cher.
Peu après, on rencontre un sans domicile fixe, un peu handicapé qui se dit enfant de batard et qui nous demande un peu de sous. Mais on a presque plus rien sur nous donc on lui dit qu'on est désolé, qu'on vient de Montpellier et qu'on est dans la merde. Il nous demande si on cherche du travail > non, on est de Montpellier. Il nous demande si on travaille ici > non, on est de Montpellier. Il nous conseille d'aller à Romans pour trouver du travail > non, on est de Montpellier . Il nous demande 15 000 trucs mais il comprend rien. Il y a un autre gars à côté de lui qui prend un café mais qui veut pas non plus lui donner des sous. Ce type, c'est la copie conforme de Vincent Lindon, mêmes cheveux, même bouille... On commence à discuter avec lui durant une bonne heure. Il nous raconte sa life, il nous explique ce que c'est Grenoble, pourquoi il est blasé de la vie... C'est un type sympa, il nous a donné quelques conseils.
On se pose il est une heure. Des gens attendent des proches qui sont dans un train, mais on apprend que ce dernier a pris feu. Pas de dégâts humains, mais le fait est qu'ils devront attendre l'arrivée de leurs amis dans la gare : celle-ci sera donc ouverte toute nuit : ouuuuuuf !
Pendant qu'on regardait la carte de Grenoble, on tapait des trips sur les noms des arrêts de bus... j'étais plié en deux pour rien... On commence à s'ennuyer, alors on prend une petite feuille de papier qu'on met en boule, et on fait un foot puis un volley en plein milieu de la gare. Il est 4 heures, quelques personnes commencent à rentrer pour prendre les premiers trains du matin, le notre est à huit heures dix-sept. On se cale dans une salle avec chauffage et on essaye de dormir un peu. Mais il y a un chat qui n'arrête pas de miauler et qui me réveille toute les cinq secondes (message au chat si tu lis : va te faire foutre connard !). On sort de la salle, et on revient dix minutes plus tard : plus de chat ! Enfin on peut dormir un petit peu... A peine je ferme l'oeil droit, t'as une putain de montre qui commence à sonner, puis le gars commence à régler sa montre et ça n'arrête pas bip bip bip biiiiiiiiiiiip !!! (message à la montre si tu lis : va te faire voir salope !).
Six heures, bientôt notre train. On attend, debout devant les rails... Et là, on rencontre un type, Yannick. On s'achète un paquet de chips avec tout l'argent qui nous reste (soit soixante-dix centimes d'euros). A un moment, t'as un type un peu chelou, qui vient et qui balance à Yannick : « Dans sept jours, on aura un combat commun, j'ai vu ça à cause de ton signe astrologique ». Puis, ce gars, que personne ne connaissait, fait le tour de la gare. Après dix petits tours, il revient et dit ) Yannick : « T'es lunatique toi, t'es pas psychopathe mais t'es lunatique ». Puis 5-6 petits tours... Et enfin l'apothéose, il revient et dit : « Fais attention, il faut pas que le jouet tombe...». Bref, après toutes ces péripéties digne des plus grands films de François Truffaut, Yannick va prendre le train et nous quitte. On a encore une heure à attendre donc on va lire L'équipe (on voit que nous sommes 7èmes et que Monaco et Marseille ont fait match nul un partout). Le TER arrive et on monte dedans (en même temps, si je dis on monte dehors ça le fait moins). Petite sieste jusqu'à Valence où l'on change de train, on grimpe cette fois-ci dans un Train à Grande Vitesse jusqu'à Montpellier. On est de retour chez nous ! Nos chemins se séparent devant le Snake, le bar du quartier Clémenceau.
Voilà, ce dep' fut très sympathique, car c'est le premier et car il fut quand même bien galère. C'est un dep' mémorable quoi, je m'en souviendrai. Je remercie Corentin d'avoir bien assuré durant ce voyage, je remercie les BP et les Armatas pour avoir bien assuré durant le match et je remercie les UL pour tout ce qu'on a pu faire durant l'année où on était présent. Je ferai sûrement d'autres deps, mais malgré tout, celui-ci restera unique, comme un premier amour...
Hugo
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